Mesdames et messieurs,
Auditeurs de RADIOTAMTAM AFRICA,
Bonsoir.

Aujourd’hui, je veux vous parler d’une phrase. Une phrase qui, à elle seule, dit tout — absolument tout — sur la manière dont l’Afrique est perçue par les grandes puissances.

Le président américain Donald Trump a déclaré récemment qu’il a commencé à s’intéresser au Soudan « une demi-heure après que le Prince Héritier saoudien lui en a expliqué l’importance ».

Arrêtons-nous un instant. Une demi-heure. C’est tout ce qu’il aura fallu pour qu’un chef d’État découvre un conflit qui fait 10 millions de déplacés, qui détruit un pays entier, qui bouleverse une région stratégique, et qui plonge un peuple dans une tragédie sans nom.

Voilà la vérité :
L’Afrique n’est pas étudiée.
L’Afrique n’est pas anticipée.
L’Afrique n’est pas considérée.
Elle est découverte au hasard des conversations.

Et encore… pas avec les Africains. Toujours par l’intermédiaire de puissances tierces : ici, l’Arabie saoudite. Il faut que le Prince Héritier explique le Soudan au président américain, pour que le Soudan existe soudain dans le radar de Washington.

Ce n’est pas seulement humiliant.
C’est géopolitiquement révélateur.

Cela dit une chose simple :
L’Afrique reste le continent le plus commenté par ceux qui n’y vivent pas,
et le moins écouté par ceux qui devraient l’entendre.

Ce que Trump révèle avec naïveté, c’est le fonctionnement réel de la diplomatie mondiale : Les drames africains n’entrent dans les agendas internationaux que lorsqu’ils servent les intérêts d’un autre.

Et pendant ce temps, les Africains… disparaissent du récit.

Mais l’Afrique n’est pas un décor. L’Afrique n’est pas un chapitre secondaire. L’Afrique n’est pas un bruit de fond dans la salle de contrôle du monde.

Et ce qui se passe au Soudan n’est pas une anecdote que l’on découvre autour d’un café diplomatique.

C’est une guerre totale,
une guerre où des populations entières meurent de faim,
où des femmes sont réduites en esclavage,
où des villes entières sont rasées,
où tout un peuple est pris en otage de puissances étrangères.

Alors oui, il faut le dire, il faut le marteler : L’Afrique doit redevenir son propre centre d’analyse. Sa propre source d’expertise. Son propre narratif.

Parce que tant que le continent sera expliqué aux autres par des puissances qui n’ont pas ses intérêts à cœur,
tant que nos réalités seront filtrées par des appareils qui ne nous connaissent pas, tant que nos tragédies seront découvertes par hasard, l’Afrique ne sera pas actrice — mais terrain de jeu.

Ici, à RADIOTAMTAM AFRICA, notre rôle n’est pas de commenter le monde depuis les marges. Notre rôle, c’est de redonner à l’Afrique sa centralité, sa voix, sa souveraineté narrative.

Alors oui, ce soir, je le dis clairement : Ce qui est arrivé au Soudan ne doit plus jamais être « découvert » par les puissants. Cela doit être expliqué par les Africains, débattu par les Africains, défendu par les Africains.

Parce que nous, nous savons.
Parce que nous, nous vivons.
Parce que nous, nous payons le prix.

Et parce que la parole est une force — surtout quand elle vient du Sud.

Je suis Félicité Amaneyâ Râ Vincent, et ceci était votre éditorial dans LA VOIX PRIMORDIALE DE L’AFRIQUE FORTE DANS LE MONDE.