GABON : S'imprégner de la tradition pour évoluer. Actualité Afrique 2050 06 mai 2025

06 mai 2025 - 15:55 - 877vues
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À propos de Félicité Amaneyâ Râ VINCENT - Rédactrice en chef à RADIOTAMTAM AFRICA , Félicité s'engage à façonner la radio de demain pour une Afrique prospère, inspirante , et prête à illuminer le monde. Nous Contacter
UNE LEÇON DE KIKULU – OU DE SAGESSE AFRICAINE EN MATIÈRE DE GOUVERNANCE : LE CAS DE L’INVESTITURE DU PRÉSIDENT GABONAIS BRICE CLOTAIRE OLIGUI NGUEMA
L’Afrique centrale vient d’être le théâtre d’un acte politique d’une portée symbolique rare : lors de la prestation de serment de Brice Clotaire Oligui Nguema, nouveau président de la République gabonaise, un rite d’intronisation traditionnelle a été intégré à la cérémonie officielle. Ce geste, bien plus qu’une simple formalité culturelle, s’inscrit dans la continuité d’un droit politique ancestral où le chef – le YALA-WO, selon la terminologie traditionnelle – se voit conférer un pouvoir sacré, adossé aux forces spirituelles et à la légitimité des ancêtres.
Ce n’est pas une première sur le continent africain. Mais ici, le président Oligui Nguema choisit délibérément d’associer la tradition aux institutions républicaines modernes, en présence de nombreuses délégations africaines et étrangères. Ce choix, éminemment politique, pourrait faire jurisprudence, en rompant avec les modèles d’intronisation purement protocolaires imposés par les cadres étatiques occidentalisés.
Par ce rituel, il adresse un message clair à ceux qui l’ont soutenu dans sa prise de pouvoir : il ne sera pas leur marionnette. Il se place sous l’autorité des mânes des ancêtres, au service du peuple, refusant toute forme d’ingérence ou de manipulation extérieure.
La question est posée : saura-t-il incarner ce Muuntu – l’homme accompli, l’intermédiaire sacré entre les vivants et les morts – qui gouverne selon les lois visibles et invisibles ? Car les ancêtres, gardiens de l’ordre cosmique, ne souffrent ni la trahison, ni la duplicité.
La suite de sa gouvernance nous permettra de mesurer s’il est à la hauteur de cette charge : être un pilier de stabilité, de fertilité, de cohésion nationale, capable de maintenir l’unité du Gabon face aux forces contraires.
Comme le disait Placide Tempels dans La Philosophie Bantoue :
« Ce n’est pas une nomination qui fait de l’homme un Mfumu – un chef véritable – mais une élévation de sa force vitale, le plaçant comme canal entre les ancêtres et la communauté. »
Ainsi, Oligui Nguema ne devient pas seulement un président ; il aspire à devenir un MFUMU – un nom dérivé de MUFUMA, l’arbre fromager majestueux et épineux, symbole de puissance, de résistance et de sagesse chez les Bantu.
À travers ce rite, il assume la responsabilité d’un engagement total. Ce n’est pas un jeu politique. C’est un pacte spirituel. S’il venait à trahir cet engagement, les conséquences ne seraient pas que politiquent — elles seraient ontologiques, symboliques, et possiblement funestes.
Qui vivra verra.
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