Félicité Amaneyâ Râ VINCENT est rédactrice en chef à RADIOTAMTAM AFRICA. Elle s'engage à façonner la radio de demain pour une Afrique prospère et inspirante, prête à illuminer le monde.
Propulsé par le président Brice Clotaire Oligui Nguema à la tête du principal véhicule financier de l’État, Persis Lionel Essono Ondo se présente comme un banquier d’affaires aguerri. Cependant, son curriculum vitæ, bien qu’impressionnant à première vue, soulève de nombreuses interrogations et met en lumière plusieurs zones d’ombre.
Des liens politiques controversés
Ancien proche de l’opposant politique gabonais Jean Ping et membre du parti Réagir, Essono Ondo a été radié en novembre 2024 pour falsification de documents et usage de faux. Cette éviction, confirmée par une décision judiciaire, jette une ombre sur son intégrité et sa capacité à diriger une institution d’importance stratégique comme le FGIS.
Sa nomination à la tête du Fonds n’a pas échappé à la controverse. Selon plusieurs sources, elle aurait été facilitée par François Ndong Obiang, Premier Vice-Président de l’Assemblée Nationale, accusé d’avoir utilisé un sceau falsifié pour appuyer cette désignation. Cette situation reflète les pratiques népotiques qui continuent de gangrener les institutions gabonaises.
De plus, les relations étroites qu’il entretient avec le clan Bongo, qui l’a soutenu financièrement pendant des années, alimentent les suspicions. Hébergé et assisté par Félix et Natacha Bongo pour s’établir en Côte d’Ivoire, Essono Ondo reste associé à un régime dont les pratiques opaques ont marqué l’histoire récente du Gabon.
Un FGIS en quête de crédibilité
Depuis sa création en 2012, le Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS) peine à se défaire de son image ternie par des scandales financiers et une gouvernance trouble. Sous l’égide de Serge Thierry Mickoto, beau-frère d’Ali Bongo, et de son successeur Akim Daouda, proche de Noureddine Bongo, le Fonds a été accusé de dilapider plus de 100 milliards de FCFA dans des projets infructueux.
La désignation d’Essono Ondo, en dépit des promesses de réforme du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), risque de perpétuer ces dérives et d’aggraver la défiance des citoyens. Les Gabonais, épuisés par des décennies de mauvaise gestion, attendent des résultats concrets et une intégrité sans faille.
Avec un portefeuille d’environ 1,5 milliard de dollars, le FGIS est un pilier essentiel pour financer les infrastructures, la santé, l’éducation, et soutenir les PME. Une mauvaise gestion pourrait exacerber les fragilités d’une économie déjà confrontée à des défis structurels majeurs.
La nomination d’Essono Ondo, marquée par un parcours controversé et des conflits d’intérêts potentiels, pourrait éloigner davantage les investisseurs étrangers, déjà méfiants face aux scandales passés. Si les Gabonais espéraient une nouvelle ère de transparence et d’efficacité, cette désignation pourrait bien s’avérer un énième désenchantement.
La nomination de Persis Lionel Essono Ondo à la tête du FGIS est un test majeur pour le régime de transition. Si elle ne s’accompagne pas d’une gouvernance exemplaire et d’une transparence totale, elle risque de compromettre les efforts de réforme et d’aggraver la crise de confiance entre les citoyens et les institutions publiques.