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RADIOTAMTAM AFRICA – Édition du 17 juillet 2025
C’est une annonce majeure qui ne manquera pas de faire débat dans les milieux éducatifs et au sein de la diaspora gabonaise. Le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a confirmé la suppression progressive des bourses d’État vers les États-Unis et le Canada à compter de 2026, lors d’un échange avec des compatriotes réunis à Washington.
Motif invoqué : un investissement à perte.
« Ceux qui viennent ici ne reviennent jamais. À quoi ça nous sert de leur donner des bourses ? », a-t-il lancé devant une assistance attentive. Pour le chef de l’État, le faible taux de retour des boursiers ne justifie plus les coûts astronomiques engagés pour financer des études dans ces pays nord-américains.
Plutôt que de mettre un terme global à la mobilité académique, Oligui Nguema souhaite réorienter les bourses vers des destinations africaines comme le Maroc, le Sénégal ou le Ghana, estimant que les chances de retour des étudiants y sont plus élevées. Une stratégie qui s’inscrit dans une vision panafricaine de coopération régionale et de renforcement des élites locales.
« Ils préfèrent rester ici parce que ça paie mieux », a reconnu le président, soulignant l’écart criant entre les opportunités économiques à l’étranger et celles offertes au Gabon.
Cette décision met aussi en lumière les carences persistantes du système d’enseignement supérieur gabonais. Malgré les promesses de réformes, les universités et grandes écoles nationales peinent à convaincre les jeunes. Laboratoires insuffisants, programmes non compétitifs, perspectives de carrière limitées : les talents s’échappent.
En 2024 déjà, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur tirait la sonnette d’alarme sur la désaffection des meilleurs profils pour les établissements locaux. Ce constat alarmant alimente aujourd’hui une réforme brutale de la politique de mobilité académique.
Si la mesure peut apparaître comme un acte de souveraineté et un appel à retenir les cerveaux sur le continent, elle soulève aussi des questions : Que deviendra le droit à la mobilité académique ?
La fin des bourses publiques vers les pays anglo-saxons pourrait accentuer les inégalités sociales, entre ceux qui pourront continuer à partir grâce à leurs moyens personnels et ceux qui seront contraints de se contenter d’une offre locale encore limitée.
Cette décision, radicale pour certains, visionnaire pour d'autres, marque un tournant dans la diplomatie éducative du Gabon. À l’heure où l’Afrique réfléchit à des solutions pour enrayer la fuite des cerveaux, le choix du Gabon d’investir dans une formation intra-africaine pourrait faire école.
Reste à savoir si les systèmes éducatifs partenaires seront prêts à accueillir durablement cette nouvelle génération d’étudiants… et si le Gabon parviendra à leur offrir, une fois rentrés, des perspectives professionnelles à la hauteur de leurs ambitions.