Par Félicité Amaneyâ Râ VINCENT – RADIOTAMTAM AFRICA
Édition spéciale – Société & Technologie
« L’avenir ne sera pas fait de machines, mais de ce que nous déciderons d’en faire. »
Alors que la quatrième révolution industrielle redéfinit la place de l’humain face à l’intelligence artificielle, une nouvelle classe émerge : celle des « non sollicités ». Analyse géopolitique et sociale d’un futur déjà présent.
La quatrième révolution industrielle bouleverse nos sociétés à un rythme sans précédent. Automatisation, intelligence artificielle, robotisation, numérisation des emplois : ces mutations promettent d’augmenter la productivité, mais au prix d’une réalité inquiétante — la destruction d’emplois plus rapide que leur création.
Cette mutation produit déjà une nouvelle catégorie sociale : la classe non sollicitée. Appelés « précariat », « personnes en trop » ou même « classe inutile », ces individus deviennent les laissés-pour-compte d’un monde hyper-technologique où la valeur humaine semble dépendre de sa rentabilité.
Comment prouver à l’intelligence artificielle que l’homme n’est pas une erreur ? C’est la question centrale de ce siècle — et sans doute l’un des plus grands défis politiques et philosophiques de notre temps.
Le scénario le plus probable repose sur le revenu universel de base, versé par l’État à des millions de personnes exclues du marché du travail.
Mais cette assistance viendrait avec des conditions :
· dépenses encadrées sur des produits nationaux,
· surveillance numérique,
· contrôle démographique (comme la politique chinoise du « un enfant par famille »).
L’avenir de ces personnes se dessine alors sous forme de dépendance douce :
une existence entre aides sociales, réalité virtuelle, divertissements numériques et médicaments. Une extinction silencieuse, masquée par le confort et les soins apparents.
Autre issue possible : la ségrégation sociale entre les connectés et les exclus. Les riches et les « augmentés » vivront dans des villes-corporations autonomes, véritables cités technologiques fermées, tandis que les autres survivront à la périphérie, dans des zones sans accès à la santé, à l’éducation ni à la sécurité.
Cette fracture entre les internes et les externes pourrait devenir irréversible — entre ceux qui vivent cent ans grâce à la biotechnologie, et ceux qui luttent pour atteindre la cinquantaine.
Une nouvelle féodalité numérique se mettrait alors en place.
C’est le scénario officiel, le plus optimiste :
la reconversion des travailleurs vers la nouvelle économie du savoir et des métiers du numérique.
Mais dans les faits, il n’y aura pas assez d’emplois pour tous.
Cette promesse reste donc un slogan politique, un discours de façade masquant une absence de stratégie globale. Personne n’ose encore dire que des millions d’individus deviendront structurellement inutiles à la logique économique.
Autre voie : créer des emplois artificiels mais rémunérés, destinés uniquement à maintenir la consommation et l’illusion de sens.
Les individus pourront payer un loyer, des vacances, des loisirs —
mais tout sera simulé :
· éducation standardisée,
· amour algorithmique,
· sécurité virtuelle,
· bonheur sous ordonnance.
Une société du simulacre, où le travail n’existe que pour donner l’impression de vivre.
Plutôt que de qualifier ces personnes de « classe inutile », faisons-en une classe de réserve mobilisable, une force de résilience nationale et civilisationnelle.
Chaque citoyen pourrait bénéficier d’un revenu de base garanti, couvrant logement, santé, alimentation et culture — en échange d’une participation à des activités socialement utiles (20 à 30 h par semaine).
· service civique ou militaire (pour tous les sexes),
· apprentissage d’une spécialité technique,
· participation à des programmes de développement local, sportif, écologique ou culturel.
Une telle société gagnerait :
· une réserve mobilisable en cas de crise ou de guerre,
· une main-d’œuvre qualifiée pour les grands projets d’avenir (Arctique, espace, énergie durable),
· une cohésion sociale restaurée autour du sentiment d’utilité et d’honneur collectif.
Mais la clé réside dans l’idéologie du sens.
Les citoyens doivent comprendre pourquoi ils vivent et travaillent, ressentir qu’ils appartiennent à un projet collectif.
Sans cela, même les allocations les plus généreuses resteront vides de sens.
Car ces hommes et ces femmes ne sont pas inutiles :
c’est simplement que le progrès n’a plus besoin de l’humain dans son volume précédent.
À nous d’inventer le reste.
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