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L’Afrique est un continent d’opportunités. Les femmes y sont au cœur du développement économique, dirigeant des entreprises prospères, innovant dans des secteurs clés comme l’agriculture, la tech et la finance, et créant des emplois dans un écosystème souvent dominé par des défis structurels. Pourtant, une réalité troublante persiste : le manque de solidarité entre les femmes d’affaires africaines.
Pourquoi, alors que les réseaux de femmes s’organisent partout dans le monde, nos entrepreneures peinent-elles à construire une dynamique de soutien mutuel forte et influente ? Pourquoi certaines réussites féminines en Afrique semblent-elles être des victoires individuelles, plutôt qu’un tremplin collectif pour l’émancipation économique des femmes ?
On le sait, le monde des affaires est un terrain impitoyable, et l’Afrique ne fait pas exception. Mais pourquoi ce sentiment de rivalité si prononcé entre les femmes entrepreneures ?
Il faut regarder du côté d’une mentalité de rareté, qui a longtemps nourri l’idée selon laquelle le succès des unes limite celui des autres. Plutôt que de se hisser ensemble vers le sommet, certaines préfèrent cultiver un esprit de compétition stérile, alimenté par des craintes infondées : peur de se faire voler ses idées, peur de perdre un marché, peur que l’autre prenne une place qui aurait dû leur revenir.
Pourtant, l’histoire prouve que les écosystèmes les plus florissants sont ceux où l’entraide prime sur la méfiance. Regardons les réseaux masculins bien établis, où les alliances stratégiques se tissent sans état d’âme, dans un pur calcul de rentabilité et de puissance. Pendant ce temps, les femmes d’affaires africaines avancent souvent en ordre dispersé, chacune essayant de survivre dans son coin, plutôt que de construire des coalitions solides capables de peser sur les grandes décisions économiques du continent.
Si les hommes ont su créer des cercles d’influence où l’entraide est un levier de réussite, les femmes africaines, elles, manquent encore de véritables plateformes de connexion et de soutien mutuel.
Oui, des initiatives existent. Women in Africa, AWEP (African Women Entrepreneurship Program), quelques chambres de commerce féminines… mais ces structures restent insuffisamment visibles, trop cloisonnées ou mal financées.
Ce déficit de réseautage et de mentoring prive des milliers de jeunes entrepreneures du soutien dont elles ont besoin. Trop souvent, une femme qui réussit en Afrique n’ouvre pas forcément la porte à d’autres, de peur de se voir reléguée au second plan.
Un autre frein majeur réside dans les stéréotypes culturels persistants. Trop longtemps, on a appris aux femmes à se méfier les unes des autres. Dans l’imaginaire collectif, les postes de pouvoir et les réussites professionnelles féminines restent des exceptions plutôt que des normes, créant un climat de compétition artificielle.
De plus, les modèles de leadership féminin souvent importés d’Occident ne correspondent pas toujours aux réalités africaines. En Afrique, la solidarité économique passe encore largement par les cercles familiaux et communautaires, mais peu par des plateformes formelles et professionnelles dédiées aux femmes d’affaires.
Faut-il donc repenser un modèle africain d’entraide entrepreneuriale féminine, adapté aux réalités locales ? Assurément.
Le changement est non seulement possible, mais nécessaire. L’Afrique ne pourra atteindre son plein potentiel économique sans une synergie forte entre ses femmes entrepreneures.
Alors, que faire ?
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Créer des plateformes de mentorat actives, où les femmes d’affaires établies accompagnent celles qui émergent.
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Encourager les coalitions féminines, pour lever des fonds ensemble, décrocher des marchés ensemble, influencé ensemble.
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Éduquer à la collaboration dès l’école, pour que les futures entrepreneures ne voient plus leurs pairs comme des rivales, mais comme des alliées.
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Promouvoir les success stories féminines africaines, pas juste en tant qu’exploits individuels, mais comme des leviers pour inspirer une génération entière.
Nous avons une opportunité historique de bâtir un leadership économique féminin africain puissant et influent. Mais cela ne se fera qu’à une seule condition : que les femmes d’affaires africaines cessent de se tirer dans les pattes et commencent à se hisser mutuellement vers les sommets.
Le succès des unes n’empêche pas celui des autres. Au contraire, il le facilite.
L’avenir ne se construira pas en solo. Il se construira ensemble.