Nous avons une petite faveur à vous demander pour soutenir notre travail Cliquez ici
À Mouila, dans la province de la Ngounié, une opération de distribution de tensiomètres aux personnes âgées a été organisée récemment sous l’égide de la ministre de la Fonction publique, Marcelle Ibinga. Une démarche qui soulève plusieurs interrogations, tant sur la légitimité de cette intervention que sur sa réelle portée.
Car enfin, depuis quand la Fonction publique se substitue-t-elle au ministère de la Santé ? Certes, les intentions affichées semblent louables — venir en aide aux seniors souffrant d’hypertension — mais cette opération pose un sérieux problème de cohérence institutionnelle. À défaut d’assurer une réforme tangible de l’administration publique, la ministre semble s’engager dans des initiatives humanitaires relevant davantage d’un agenda politique ou d’une mise en scène gouvernementale que d’une réponse systémique à une crise sanitaire.
Empêchée de se rendre à Mouila, Mme Ibinga a donc mandaté ses équipes pour faire de la sensibilisation et remettre quelques tensiomètres, dans ce qui ressemble davantage à une opération de communication qu’à un programme structuré de santé publique. On soigne le symptôme, mais on évite soigneusement la racine du problème : le manque criant de médecins, d’infrastructures médicales et de suivi régulier pour les personnes âgées en zone rurale.
Distribuer quelques appareils médicaux, sans garantir leur utilisation correcte ni un accompagnement médical pérenne, revient à poser un pansement sur une fracture ouverte. Par ailleurs, le fait que cette initiative soit justifiée par la "vision" du président Brice Clotaire Oligui Nguema laisse planer le doute : s’agit-il d’un geste sincère envers les citoyens ou d’un simple relais d’une propagande gouvernementale déguisée en action sociale ?
Les échanges entre les collaborateurs ministériels et les bénéficiaires, aussi chaleureux soient-ils, ne sauraient masquer une réalité plus vaste : le pouvoir peine à structurer des politiques de santé publique cohérentes et coordonnées, pendant que des ministres sortent de leur périmètre de compétence pour occuper le terrain médiatique.
En définitive, si cette action a pu toucher quelques familles, elle illustre surtout le flou qui règne dans l’action gouvernementale, où les effets d’annonce et les gestes symboliques prennent souvent le pas sur des réformes durables. Que cette initiative serve de modèle à d’autres ? Espérons plutôt qu’elle serve de réveil critique sur la nécessité de respecter les rôles ministériels et de bâtir une véritable politique de santé publique nationale, accessible et structurée.