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CINEMA- culture : La crise du Covid-19 chamboule le monde du cinéma Cinéma 20 janvier 2021

20 janvier 2021 - 19:18 - 2535 vues

Les salles de cinéma se demandent à quoi elles servent… Antony (Hauts-de-Seine), le 6 Janvier 2021.  • LOU ÖSRA / HANS LUCAS

Par RadioTamTam

Les professionnels du cinéma attendent avec impatience la réouverture des salles. Non sans craintes ni interrogations : et si la pandémie avait bouleversé l’écosystème du septième art ?

Quand les salles de cinéma rouvriront-elles ? Qui saurait répondre avec certitude à cette question mériterait un césar de la divination. Hélas ! l’extension à tout l’Hexagone du couvre-feu à 18 heures éloigne la perspective d’un proche « happy end ».

Or, en 2020, les entrées en salles n’ont pas dépassé le nombre de 65 millions, soit une dégringolade de plus de 70 % par rapport à 2019. Et le nombre de films agréés par le CNC sera proche du niveau de 2008, soit une baisse de 20 %.

À l’été et à l’automne, le cinéma avait repris des couleurs. Les tournages redémarraient. Les spectateurs répondaient présents. Privilégiant, certes, comme le note le producteur David Thion (les Films Pelléas), « les films optimistes et les comédies ».

Faisant la fête ainsi à 30 Jours max, Antoinette dans les Cévennes, Tout simplement noir ou encore La daronne avec Isabelle Huppert en dealeuse : La société de distribution Le Pacte, par la voix de son directeur de la distribution Xavier Hirigoyen, juge les 500 000 entrées du film de Jean-Paul Salomé comme « un beau succès », même s’il en escomptait 100 000 de plus.

Privés de sortie

Les films français et européens ont profité de l’absence des blockbusters états-uniens, à l’exception de Tenet de Christopher Nolan, sur la première marche du podium 2020 avec 2,3 millions d’entrées. Au final, relève le CNC, « la part de marché des films français (44,9 %) est ainsi supérieure à celle des films états-uniens (40,8 %) ».

Mais ce bel élan s’est brisé tout net avec le deuxième confinement et la non-­réouverture des salles initialement prévue le 15 décembre. La situation est dramatique pour des films comme ADN de Maïwenn ou Garçon chiffon de Nicolas Maury, qui n’auront connu que deux jours d’exploitation fin octobre.

« Ce film représente 10 ans de la vie d’un auteur-réalisateur, se désole Régine Vial, directrice de la distribution des Films du losange. Il était bien parti pour faire 150 000 à 200 000 entrées. » Certes, Garçon chiffon ressortira dès que possible, assure Régine Vial, mais il faudra « retrouver l’énergie pour une nouvelle promotion ». Sans compter les frais, d’affichage entre autres, engagés.

« Il va y avoir de la casse… »

ADN et Garçon chiffon ne sont malheureusement pas les seuls à se positionner pour la réouverture des salles. « Les films s’accumulent sur les étagères, sans perspective claire », relève David Thion. Les Films Pelléas ont quatre longs métrages en attente d’une date de sortie. Ce constat, on l’entend chez tous les distributeurs et producteurs interrogés.

Avec ce même cri d’alarme : « On va vers un grand embouteillage », « Il va y avoir de la casse… » Nombre de professionnels plaident, en concertation avec le médiateur du cinéma et l’Autorité de la concurrence, pour une semaine, voire une quinzaine blanche : ne proposer au public pendant un premier temps que des films privés d’une vraie sortie fin octobre et à la mi-­décembre. Mais peu croient vraiment à une entente entre les parties.

Des sorties décalées

Dans ce concert d’interrogations, voire d’angoisses, Xavier Hirigoyen fait entendre une note plutôt optimiste. Il évoque un « décalage » de sorties à l’automne et l’hiver 2021. De fait, Gaumont a reporté Aline de Valérie Lemercier de février à novembre. D’autres poids lourds comme les Tuche 4 devraient également se caler sur la fin de l’année 2021.

Et – bouffée d’oxygène supplémentaire –, Hollywood pourrait suivre le mouvement. Certes, Mourir peut attendre, le nouveau James Bond, est prévu pour la fin mars. Mais la nouvelle adaptation de Dune signée Denis Villeneuve, qui aurait dû sortir fin 2020, sera visible en septembre 2021.

Ce report ne suffit pas à dissiper l’inquiétude de certains exploitants et distributeurs. La pandémie, estiment-ils, a peut-être modifié de manière durable l’écosystème du cinéma. « Durant l'été 2020, des films français qui d’ordinaire se suffisaient de 80 à 100 copies, sont sortis sur 300 », constate Gautier Labrusse, directeur du Lux à Caen (Calvados), salle classée art et essai.

Été 85, de François Ozon, a bénéficié d’un lancement sur 510 écrans. Une inflation encouragée par l’absence des blockbusters venus d’outre-Atlantique, mais qui de conjoncturelle pourrait devenir structurelle, estime également Thomas Ordonneau, producteur et distributeur à la tête de Shellac : « L’embouteillage passé, on ne reviendra pas en arrière, ces changements vont perdurer. »

Le temps et l’argent

Autre phénomène : la montée en puissance des plateformes de streaming durant le confinement, et au-delà. Les Français, qui ont souscrit à des abonnements auprès de Netflix ou de Disney+, trouveront-ils encore le temps, et éventuellement l’argent, pour aller au cinéma ?

Nombre de professionnels font le pari que cette ­tendance de fond ne détournera pas le public des salles obscures. « Lors des avant-premières de Garçon chiffon, j’ai tellement senti le bonheur des gens à être, à rire ensemble, que je m’oblige à croire qu’avec du travail, de l’énergie, du désir on va inciter les spectateurs à revenir, juge Régine Vial. Mais il faudra des années pour retrouver 215 millions d’entrées. »

Même conviction chez David Thion. Toutefois, analyse-t-il, « il faudra que les films fassent événement pour que les gens soient motivés, cela vaut pour les blockbusters ou les grosses comédies, mais aussi pour le cinéma d’auteur ». Les films qui ne bénéficieront ni de la vitrine d’un festival ni du soutien de la presse risquent de passer plus que jamais à la trappe.

Bien conscient de cette nouvelle donne, Gautier Labrusse mise sur la vidéo à la demande (VOD) pour reconquérir le public. Paradoxe ? « En 1996, nous avions créé un vidéoclub au Lux et déjà nos pairs nous disaient que nous nous tirions une balle dans le pied. Il ne s’agissait pourtant pas de remplacer la salle par la cassette ou le DVD, mais d’accompagner et de prolonger un travail de cinéphilie. »

Dans le même état d’esprit, le Lux a participé en 2017 avec d’autres exploitants au lancement d’une une plateforme VOD, la Toile. L’idée est de proposer au public des films en relation avec ceux à l’affiche. « Au moment d’Adieu les cons d’Albert ­Dupontel, nous avons mis en ligne ses œuvres précédentes. » Autre outil, la Vingt-cinquième heure. Il s’agit là de « e-cinema » : le public achète son billet mais regarde le film chez lui à heure fixe. Ce dispositif permettra à l’avenir, selon Gautier Labrusse, « de drainer un public qui ne peut se rendre en salles, mais aussi d’aller chercher un public jeune sur Internet ».

Internet, un allié

De rival, Internet pourrait donc se muer en allié. Par exemple, explique Thomas Ordonneau, « quand un exploitant invite un réalisateur, il peut proposer à d’autres salles, dans d’autres villes, de projeter le même film et d’organiser une rencontre en duplex ».

Malgré tout, constate-t-il, lucide, « on va vers un amenuisement des débouchés pour les films à petit budget ou encore les films de cinématographies peu diffusées ». Il faut donc inventer pour ces œuvres rares « une alternative au mode de distribution classique ». Shellac vient ainsi de lancer une plateforme VOD. Avec l’idée que certains films pourraient y faire leurs premiers pas, avant de connaître une éventuelle sortie en salle puis en DVD.

Ce fut le cas de Monsieur Deligny, vagabond efficace de Richard Copans. « Il a bien marché en VOD à l’été 2020, mais ne connaîtra pas de sortie nationale. En revanche, il est prévu une trentaine de projections-rencontres à travers la France quand la situation le permettra. » Une entorse à la chrono­logie des médias, qui suppose que le film se prive des financements publics. Cruel dilemme.

Source : Lavie.Fr

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