Gabon : Le guerrier Wongo, figure de résistance anticoloniale, magnifié par le général Oligui Nguema. Actualité Afrique 2050 30 mars 2025

30 mars 2025 - 19:02 - 1248vues
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Lastourville, cœur battant du Gabon profond, redécouvre l’écho de l’histoire. Là, au rond-point de la mairie, trône depuis vingt ans une statue poussiéreuse, oubliée des grandes narrations : celle du guerrier Wongo, patriote Awandji, figure de la résistance contre l’oppression coloniale dans les années 1920. Aujourd’hui, sous la Transition menée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema, son combat refait surface, comme un symbole de dignité et d’enracinement.
Un chef rebelle au cœur des collines
Dans les années 1927-1929, Wongo s’oppose frontalement aux autorités coloniales françaises dans la région de Lastourville, dans le centre du Gabon. L’administration, en plus d’imposer des taxes injustes, exige des livraisons forcées au marché de la ville. Face à cette exploitation, Wongo mobilise les siens, creuse des tranchées, utilise des grottes comme refuges et organise une résistance active, presque insaisissable. Pendant près de 18 mois, son armée tient tête aux troupes coloniales.
« Il était presque invisible. Considéré comme indiscipliné, il a été traqué par l'administration, mais il a su mobiliser autour de lui. Il a conçu une armée de fortune et résisté avec une inventivité remarquable », explique Jean-Paul Tiri, enseignant et natif de la région.
Mémoire réhabilitée, fierté retrouvée
Wongo finira par se rendre en août 1929. Déporté vers Bangui, il y meurt en captivité. Pourtant, son souvenir n’a jamais cessé d’habiter les collines et les mémoires Awandji. En mai 2024, le général Oligui Nguema effectue un déplacement symbolique à Lastourville. Il y rend hommage à Wongo et annonce la rénovation de sa statue. Pour Jean-Paul Tiri, c’est une reconnaissance attendue :
« Il incarne une région, une mémoire collective. À travers cette stèle, c’est tout un peuple qu’on honore. »
???? Un geste politique et identitaire
Mais cette réhabilitation n’est pas anodine. Selon le sociologue Joseph Tonda, le geste est porteur de sens :
« Il s’agit d’un ancrage symbolique fort. Le chef de la transition cherche à s’identifier à un héros national, porteur de fierté, de dignité, et d’un récit proprement gabonais. Cela envoie un message fort : nous avons lutté, nous avons résisté – et aujourd’hui encore, cette résistance continue. »
Vers une réappropriation de l’histoire nationale
Dans le sillage de cette reconnaissance, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à une réappropriation de l’histoire gabonaise, trop souvent racontée par le prisme colonial. D’autres figures méconnues, comme Emane Ntole en pays Fang, sont évoquées comme nécessitant elles aussi un hommage à leur hauteur.
Rendre visible ces figures, c’est ouvrir la voie à une reconstruction des récits, où les héros gabonais reprennent leur place dans l’imaginaire collectif.
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